Acheter une Kawasaki 900 Z1 neuve c’est possible, l’Intégral n° 85 – avril/mai 2011

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Au coeur du Val-de-Marne, un passionné restaure avec soin l'une des motos les plus mythiques de la production japonaise classique, et peut même vous en fournir un exemplaire quasiment neuf et dûment garanti. Moto-Station est allé à la rencontre de Didier Kaluza, l'homme qui murmure au filtre à air des Kawasaki 900 Z1...

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Article parut le 10 juin 2011 sur moto-station.com

 

Nous sommes en 1972. Le monde de la moto se remet à peine du tsunami CB 750, quand Kawasaki dévoile enfin sa toute nouvelle arme pour contrer Honda.

La 900Z s'impose vite comme la Superbike de l'époque.

Son réservoir goutte d'eau, son moteur noir mat, son dosseret et surtout ses quatre silencieux contribueront à la passion que déchaînera cette moto hors normes.

Cerise sur le gâteau, elle est également plus puissante que la "Quatre pots".

Son 4-cylindres double ACT de 903 cm3 développant 82 ch à 8 500 tr/mn lui permet de dépasser les 200km/h en pointe.

40 ans plus tard, la 900Z séduit toujours autant. Rares sont les motos d'époque résolvant aussi bien à l'équation nostalgie/plaisir, entretien fastidieux en moins.

Reste que rouler en classique, tout le monde en parle… mais encore faut-il trouver la perle rare.

Alors, comme à Moto-Station, on aime aussi les "petites vieilles", nous sommes allés visiter l'atelier KB. Une enseigne spécialisée dans la restauration de 900Z dont la particularité est de proposer sur commande des 900Z ... comme neuves.

Alors, la 900Z, la moto ancienne idéale ?

Permet-elle de rouler au quotidien ?

Didier Kaluza, l'homme qui se cache derrière ces motos flambant neuves, nous parle de sa passion dévorante pour cette japonaise mythique.

Rencontre avec un vrai fondu élevé à la Z !

 

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Didier, pourquoi avoir choisi de reconditionner des 900 Z1 ?

 

"Avant tout la 900 Kawa c'est la passion d'une vie.

Quand j'étais gosse, c'était pour moi la moto au superlatif.

Les premiers articles de presse la décrivaient comme la moto "plus", avec zéro défaut.

Moi, je lisais ça et j'étais en extase.

Même si plus tard, on lui a effectivement trouvé quelques défauts.

Ce fut aussi ma première moto : j'ai acheté la mienne en 1977, avant même d'avoir le permis.

Par la suite, j'ai roulé sur tous les modèles de 900, ce qui m'a permis de les démonter, de les améliorer, de les transformer.

De fait, il y a quelques années, je suis revenu sur ces machines.

Non pas en tant qu'utilisateur mais en tant que professionnel car je les connais par cœur.

Je pense que ces machines sont dignes d'intérêt tant d'un point de vue esthétique que mécanique.

L'aventure KB a démarré il y a trois ans maintenant.

J'ai stoppé mes autres activités professionnelles et je me suis lancé.

J'ai installé mon atelier près de chez moi, pour l'environnement et pour préserver une qualité de vie vouée à ma famille et à mon travail.

Ce qui me permet de passer de ma maison à l'atelier en quelques secondes.

De travailler à n'importe quelle heure du jour et de la nuit.

Ton atelier est une véritable petite chaîne de montage.

On peut te commander une 900 Z toute neuve ?

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"Effectivement j'essaie d'assembler plusieurs machines les unes à coté des autres, en tiroir : je traite une partie cycle, ensuite la mécanique, et ensuite une moto complète.

J'ai toujours deux ou trois Z1 en reconstruction.

Les motos sont entièrement démontées et reconstruites, dans les règles de l'art.

Administrativement, techniquement, elles restent des motos d'occasion, mais on est dans une restauration à 100%.

Dès que j'ai un doute sur une pièce d'usure, je la change.

Même chose pour tous les consommables.

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A l'arrivée, la moitié des pièces qui constituent la moto sont neuves.

Si le client le souhaite, il peut en effet repartir avec une moto entièrement refaite "à neuf", avec zéro kilomètre pour un budget de 15 000 € environ.

Combien de motos "produis-tu" par an ?

Et quel est le profil type de ta clientèle ?

La cadence est d'une dizaine de motos entièrement reconditionnées par an.

A cela s'ajoute l'entretien des motos de mes clients.

Les motos que je reconstruis sont des motos que j'achète pour les revendre mais il y a aussi des clients qui m'amènent leur propre machine pour restauration.

Du coup, l'année dernière j'ai reconditionné 22 motos.

Ma clientèle est évidemment composée de passionnés.

Bien souvent, mes clients roulent avec d'autres motos, mais ils considèrent que la 900 Kawa est exceptionnelle.

Il n'est pas rare qu'ils viennent assister à la reconstruction de leur moto.

En majorité, ce sont des quinquagénaires qui ont connu cette moto à sa grande époque.

Généralement, ils en ont possédé une, regrettent de ne pas l'avoir gardé et veulent en racheter uneautre.

Une fois les enfants partis de la maison et leur situation financière bien assise, ils se donnent les moyens d'accomplir leur rêve.

Il m'arrive aussi de voir des clients avec une moto en très mauvais état, qu'ils me demandent de restaurer même si cela coûte parfois plus cher qu'une moto reconstruite à neuf dans nos ateliers.

Ces clients ont les moyens d'assouvir leur passion, mais on essaye toujours de rester raisonnable et de proposer une machine en adéquation avec leurs moyens et leurs désirs.

Je n'essaye pas de survendre mes machines.

Les plus jeunes, je dirai les 25/35 ans, s'intéressent également à cette moto et on a l'impression que le modèle saute les générations.

Au salon Moto Légende, on a constaté que beaucoup de jeunes sont attirés par ce modèle, parce qu'ils le connaissent.

Ils en ont entendu parler, leur père ou leur oncle en ont possédé une et ils en gardent un souvenir d'enfant.

Ils ont envie de posséder une Z car ils ont lu dans la presse spécialisée que ce modèle est mythique.

Ces clients sont extrêmement importants à mes yeux car ils vont propager cette passion autour d'eux.

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Quand je propose un essai - puisque c'est toujours ce que je propose - les gens sont surpris en disant qu'en utilisation courante, en ville, urbaine ou périurbaine, c'est très agréable.

C'est puissant, ça roule, ça freine.

Je leur explique que cela reste une moto de collection, facile d'entretien, qui peut encore rivaliser avec bien des motos modernes.

Les bases sont-elles faciles à trouver ? Certaines pièces sont-elles refabriquées ?

Les motos qui servent de base aux reconstructions sont de plus en plus difficiles à trouver.

Les premiers modèles sont rares et plus rares encore sont les motos complètes.

On trouve des cadres, des moteurs mais moi, je préfère partir sur des motos souvent hors d'âge, usées mais complètes.

Les pièces d'origines neuves existent : il faut aller les chercher là où elles sont, essentiellement à l'étranger.

En Europe, aux USA, parfois en Australie.

Aujourd'hui il est possible de reconstruire intégralement une 900 Z en pièces neuve d'origine, mais là, on est sur des budgets extrêmement élevés.

Les pièces de refabrication existent aussi.

Je fais mon marché sur Internet, essentiellement chez des fournisseurs ou fabricants asiatiques.

Là, on trouve de tout en terme de qualité.

Il faut être attentif, car il y a de la très belle pièce de refabrication, mais aussi du n'importe quoi, notamment en Chine.

Tu te charges de la restauration complète ? Quels sont les points faibles et les points forts de la 900 Z ?

Les motos sont entièrement assemblées par moi-même.

Je fais réaliser des prestations à l'extérieur, comme le polissage, la peinture, le réalésage et la sous-traitance technique et mécanique sur le moteur.

En termes de points faibles, les premiers modèles (1973) connaissaient des soucis de lubrification ou de tenue de route, mais ces problèmes ont bien été identifiés et progressivement corrigés sur les modèles suivants.

J'explique cela à mes clients : soit vous désirez la moto strictement d'origine avec les points faibles et les problèmes de l'époque, soit vous souhaitez que l'on tienne compte des évolutions et que l'on remédie d'entrée à ces problèmes, notamment au niveau du freinage.

Je revois aussi la lubrification afin de ne plus rencontrer de problèmes de déjaugeage ou de perte de pression d'huile (ce qui était le cas des premiers modèles).

La tenue de route est améliorée par des pneus et des amortisseurs plus performants.

Côté allumage, je propose également une solution électronique plus fiable que celui d'origine. Ce sont des petits plus mais qui ont leur importance.

Il est vrai que nos clients possèdent souvent des machines modernes et ils aspirent vraiment à utiliser leur machine de collection sans contraintes.

Quels sont les millésimes les plus recherchés ? Et pourquoi ?

Dans la collection il est de tradition de rechercher les millésimes les plus anciens et pour la Z1, c'est le millésime 72/73.

C'est le modèle le plus intéressant car c'est la plus sauvage des 900 Z1.

Après dans ses évolutions, 74, 75 et au-delà, la moto n'a fait que s'assagir notamment pour des questions de normes anti-pollution et de technique.

Le premier millésime est donc sans doute le plus collector.

Il y a eu environ 19 000 machines produites la première année à l'échelle mondiale et les petits numéros sont bien souvent dotés de peu d'évolution technique alors que les derniers en ont déjà un peu plus.

Après, c'est un affaire de goût.

Les modèles 74/75 étaient jusqu'à présent moins recherchés, moins cotés.

Moi, je suis convaincu que lorsque la source de modèles 73 va se tarir - et cela commence à être le cas - les acheteurs vont se replier sur les modèles 74/75, qui vont devenir extrêmement prisés.

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Au-delà, le modèle 76 qui change un peu au niveau de l'anti-pollution - notamment des échappements et de la carburation - est un modèle qui aura son intérêt dans les années à venir.

Les motos classiques ont le vent en poupe et la 900 Z1 n'échappe pas à la règle. Comment expliques-tu ce phénomène ?

Je dirai même que la 900 Z1 est en tête du hit parade des motos classiques, avant tout pour une question de plaisir.

Rouler sur une 900 Z1 en très bon état aujourd'hui est un vrai plaisir et un formidable outil de convivialité.

On ne peut pas s'arrêter à un feu rouge, poser la moto à une terrasse de café sans se faire des amis qui viennent vous dire qu'ils en ont possédé une, ou que leur frère ou voisin en a eu une.

Cette moto est immédiatement reconnaissable, indentifiable et cela amène toujours des conversations positives.

Cette machine appelle la convivialité car cela reste avant tout une moto populaire, au sens noble du terme.

Trouve-t-on encore en France de bonnes bases pour une restauration ? Que faut-il surtout éviter ?

On en trouve encore en France, mais pas aussi facilement qu'il y a 10/15 ans.

Il y a probablement encore des machines immobilisées depuis des années dans des garages ou des granges, mais le temps passe et parfois les moteurs sont bloqués et les motos corrodées.

Ce qu'il faut absolument éviter, c'est d'acheter des morceaux par petit bout.

Mieux vaut privilégier des motos complètes, même en mauvais état qu'une moto dépareillée avec un cadre et un moteur qui ne sont pas d'origine.

Comment peut-on te commander une moto, et quels sont les délais ?

En ce qui me concerne, j'ai toujours un stock de motos à restaurer et à vendre.

En général, j'ai toujours deux ou trois modèles 73, un 74, un 75, un 76, ce qui me permet de faire essayer ces différents modèles et au client de quasiment partir avec sa moto sans délai.

Lorsqu'il s'agit d'une commande spécifique, je fournis un devis contractuel.

Il faut généralement compter un à trois mois, et je demande au client un acompte à la commande, un acompte à la moitié du terme et un versement final à la livraison.

Autre possibilité évidemment : venir avec sa propre moto.

Mais c'est assez délicat car je vois des clients arriver avec des machines achetées d'occasion, souvent très cher, et sur lesquelles tout est à refaire avec, au final, un prix de revient plus élevé qu'une moto complète achetée chez moi.

Et niveau garantie, homologation et entretien ?

Je garantis contractuellement les motos qui sortent de mon atelier six mois pièces et main d'œuvre, kilométrage illimité. Les normes d'homologation sont celles de l'époque.

J'assure l'entretien, à la fois des machines que j'ai vendues mais aussi de plusieurs motos circulant en Ile de France et dans toute la France.

Restaures-tu d'autres machines ?

Oui, par définition, car les 900 Z1 ont servi de base à beaucoup de machines spéciales de l'époque (Egli, Bimota, Rickman, Godier-Genoud, Martin) qui reprenait la motorisation Kawasaki dans des parties cycles spéciales.

Ces machines sont des motos d'exception, passionnantes à restaurer.

Bien souvent, également, des clients me contactent pour restauration d'autres marques et j'essaye de leur répondre favorablement.

Je suis parfois amené à restaurer d'autres machines japonaises, comme des 750 H2, des 500 Mach III et autres Honda CB 750.

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Pierre LEGUEVAQUE (article paru dans la revue l'Intégral et sur le site Moto Station.com).